Une bonne idée, copiable !

Il y a quelques temps, deux entrepreneurs sont venus nous voir ou nous ont passé un coup de fil avec la question suivante :

« Je pense avoir une bonne idée, qui devrait rencontrer un certain succès mais cette idée n’est pas brevetable et elle est réplicable facilement. Comment envisageriez vous une mise en route d’un business là dessus ? »

Il s’agissait de produits grand public à faible coût.

En plein phénomène « perche à selfie » notre première réponse a été : envisagez ça comme un « coup », montez un partenariat avec un grossiste qui connait bien d’une part la grande distribution et d’autre part la fabrication asiatique et soyez les plus rapide, massivement, vous verrez ensuite ce que cela donne…

Je caricature un peu, mais c’est en substance ce que nous avons dit !

Les vacances permettant de prendre un peu de recul, je pense que c’était effectivement une possibilité mais sans doute et de loin pas la seule.

Ça m’a un peu trotté dans la tête et étant adepte du cyclisme, en vacances notamment, j’ai pensé à la société Camelback. Cette société produit notamment des poches à eau , prolongées d’une grande paille flexible qui permet au cycliste et aux adeptes du VTT notamment de boire à la paille, en portant leur réserve d’eau sur leur dos et sans lâcher le guidon des deux mains. Ce produit ne repose sur aucun brevet. C’est une bonne idée au départ mais elle est très facilement copiable.

Or, après 26 ans d’existence (le lancement commerciale date de 1990) cette société s’est non seulement maintenue mais a créé un marché (l’hydration sportive) et en est le leader.

Peut-on en tirer quelque chose pour raffiner notre première approche ?

Je suis allé voir différentes versions de l’histoire de Camelback, dont celle-ci en anglais !

Quand on regarde l’histoire, plusieurs choses apparaissent :

ce n’est pas l’inventeur qui a développé le business
le mythe de Camelback repose moins sur l’idée géniale que sur le premier vendeur de la marque qui n’a pas hésité à parcourir des milles et des cents, dormant sous la tente et emmenant les propriétaires de boutiques de cycle en randonnée pour leur faire tester le produit In Vivo.
et il y en a sans doute beaucoup d’autres légendes…
Trois choses me viennent à l’esprit en lisant cela en rapport avec la question « Bonne Idée mais Copiable » :

le facteur clé de succès d’un business éventuel n’est pas forcément l’idée (en tout cas pas l’idée seule). Du coup le fait que l’idée soit copiable ne remet pas forcément en cause la viabilité du projet business.
mais alors celui-ci doit reposer sur quelque chose d’autre : selon l’histoire/légende de Camelback, ça a été la force de persuasion et la détermination du premier vendeur. Si la vente est une des activité clé, il faut donc mieux qu’elle soit maitrisée en interne…
ma troisième interrogation est : pourquoi les concurrents ont-ils laissé faire cela ? Je n’ai évidemment pas la réponse mais on peut penser à plusieurs possibilités :
ils n’ont pas vu venir le loup car une attaque du marché par la distribution spécialisée est sans doute plus discrète qu’une attaque par la grande distribution
ils étaient trop concentrés sur le marché des gourdes et n’ont pas vu venir le marché de l’hydration (mains libres)
ils ont jugé que ce n’était pas une bonne idée et n’ont pas approfondi. (Théorie de la bonne idée qui ressemble à une mauvaise idée ce qui lui assure une certaine avance sur la concurrence…)
les lanceurs du business Camelback vient encore d’autres atouts clés dans leur jeu que les concurrents ne maitrisaient pas.
etc…
Dans tous les cas, notre première réponse a sans doute été un peu courte et ce n’est pas parce que l’idée est copiable que le projet de business est impensable…

Voilà , qu’en pensez-vous ? et si vous avez d’autres exemples / expériences pour enrichir la réflexion, ça serait sympa de les partager en commentaires…