Calcul d’un prix de vente pour un auto-entrepreneur

On planchait il y a peu avec une cliente sur le calcul de prix de vente adéquats pour son activité de production. Il s’agissait de bien comprendre comment calculer un prix de vente pour un auto-entrepreneur.

Il y avait un peu de maths à faire et l’école était déjà loin…Mais au delà des maths, il nous a semblé qu’il y avait des choses intéressantes à prendre en compte. Tant dans la réflexion sur les statuts les plus adaptés que dans la réflexion sur la détermination du bon prix de vente. Commençons par les maths

Coût de revient et prix de vente pour l’auto-entrepreneur

On va partir d’une hypothèse ou un auto-entrepreneur (fille ou garçon bien sûr !) commercialise une production simple comportant par unité produite et vendue
-5 euros de matière première (Mp) par unité produite
-1 heure de travail (Mo)par unité produite

Dans une entreprise classique ce sont les deux grands composants du cout de revient variable (Crv) : travail et matières premières.


CRv = CMp+CMo

A ce coût de revient variable de production (CRv) on va appliquer un multiplicateur (de 2 dans notre cas ) qui va servir à approcher un prix de vente (à un revendeur ou à un client grand public). La différence entre ce prix de vente (PV) et les coûts variables de production du produit vendu servira à couvrir les frais fixes (type loyer) et à générer si possible un bénéfice.


PV-CRv = marge sur coûts variables

En auto-entrepreneur il faut inclure un coût variable supplémentaire : celui des taxes (essentiellement charges sociales) qui vont être payées sur le chiffre d’affaire (on raisonnera ici en franchise de TVA).

On obtient ainsi un coût de revient variable (CRv) pour une unité produite par un auto-entrepreneur de :


CRv = CMp + CMo + Taxes sur le PV (22, 3% environ)
soit, dans le cas d’un artisan et avec les hypothèses prises plus haut
CRv = CMp + CMo + 0,223*PV

Calcul du prix de vente pour l’auto-entrepreneur

On aura donc une première équation a deux inconnues CRv et PV.
Nous avons également une seconde équation qui résulte de l’application du multiplicateur 2 au prix de revient pour approximer un prix de vente :


PV = 2*CRv

Donc un système de deux équations à deux inconnues et nous pouvons en tirer un résultat en ré-injectant PV = 2*CRv dans la première équation, ce qui donne :


PV = (2CMp+2CMo)/(1-2*0,223)
en simplifiant
PV= (2CMp+2CMo)/0,55

On a donc une méthode de calcul pour approcher le PV pour un auto-entrepreneur à partir du coût variable en Mp et en Mo et c’est là que ça devient intéressant !

Limites du raisonnement en multiplicateur pour le calcul du prix de vente de l’auto-entrepreneur.


Le coût de Mo d’un auto entrepreneur dépend de son mode de production et nous allons raisonner sur deux hypothèses :


Dans un premier cas, l’entrepreneur produit et sa rémunération ne supporte pas les charges sociales. L’hypothèse d’un Smic horaire net et d’une heure de travail par produit donne un coût de 9 euros par produit (soit une heure au Smic net)

L’hypothèse où la production est sous-traitée à un free lance conduit à 20 euros de main d’oeuvre par produit (soit une heure au prix de marché freelance)

on trouve donc que la production par l’auto-entrepreneur, donne un Prix de Vente de 50,91 euros et que la production sous-traitée à un free-lance donne un Prix de Vente de 90,91 euros

Dans le second cas l’auto-entrepreneur paye les charges sociales deux fois : une fois sur la main d’oeuvre achetée au freelance et une fois sur le CA ce qui risque de le mettre totalement à coté de la plaque en terme de prix de marché.

Il semble donc plus pertinent de raisonner d’une part sur la marge en valeur absolue, en acceptant un multiplicateur plus faible dans le cas d’une production sous-traitée à un freelance ou de regarder ce que donne le calcul du prix de vente sous un autre type de statut, par exemple l’EURL et c’est ce que nous allons faire.

L’hypothèse EURL

Sous l’hypothèse EURL, les charges sociales ne sont plus un pourcentage du chiffre d’affaires mais un taux, appliqué sur le coût de la main d’oeuvre. En simplifiant 45% de charges sur la rémunération nette de l’entrepreneur non salarié ou 75% de charges sur la rémunération nette d’employés au delà d’un certain salaire (plus on est proche du Smic et moins le taux de charges est élevé)

le coût de revient variable par unité produite est donc
CRv = CMp + CMo

L’heure de main d’oeuvre chargée de l’entrepreneur coute 13 euros (9 euros nets*1,45 pour les charges). Avec un multiplicateur de 2 on trouve donc un prix de vente de 2* (5+13) = 36 euros

En prenant un coût de Mo freelance et en appliquant le même multiplicateur on trouve 2*(5+20) = 50 euros

En conclusion

Nous avons testé différents types de scénarios :

Scénarios testés, multiplicateur x2, franchise de TVA dans tous les casPrix de vente en euros arrondismarge en valeur absolue
auto-entrepreneur, production par l’entrepreneur5025
auto-entrepreneur, production sous traitée à freelance9045
EURL production par l’entrepreneur3618
EURL production sous-traitée à salarié au Smic5025
tableau récapitulatif des scénarios testés

– on comprend bien que les coûts variables dus aux charges sociales sont plus importants en statut auto-entrepreneur dans la mesure où l’assiette des charges correspond à la totalité du chiffre d’affaire, même si le % appliqué est plus faible que celui appliqué sur les salaires , avec un multiplicateur de 2, on arrive à 22,3%*2 sur le coût de Mp+Mo c’est à dire 44,6%, proche des 45% de charges de l’entrepreneur en EURL.

Donc
– plus le montant d’achat des Matières premières est important dans le cout de revient du produit et moins le statut auto-entrepreneur est adapté car on va payer des charges sociales sur le cout de matières également.
– plus le travail est sous-traité et moins le statut auto-entrepreneur est adapté car on va payer des charges deux fois, une première sur l’achat de main d’oeuvre et une seconde fois sur tout le chiffre d’affaire.

– en auto entrepreneur il faut plutôt raisonner en prix de marché et en marge en valeur absolue plutôt que de vouloir appliquer un coefficient multiplicateur standard qui risque de vous amener en dehors du marché.

– réfléchir également à changer de statut à partir du moment ou l’on a à intégrer de la matière première ou du travail externalisé dans sa production

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