Où sont les jeunes ?

Beaucoup d’entreprises se plaignent de difficultés à embaucher en ce moment , que ce soit en cdd ou en cdi. Nous avons nous mêmes constaté cette difficulté lorsque nous recherchions des stagiaires rémunérés.

Au delà des interrogations sur le degré d’implication des jeunes dans la recherche d’un emploi et sur l’adéquation entre ce que propose le marché du travail et leurs attentes , une question reste : où sont ils ? à la maison ? chez leurs parents ? dehors à discuter ?

Il semble qu’une des réponses soit : ils travaillent !
Ils travaillent et ils étudient en apprentissage. Le nombre des contrats d’apprentissage a en effet augmenté de 40% entre 2019 et 2020 et sur les trois premiers mois de 2021 leur nombre à apparement triplé relativement au premier trimestre 2020 selon le mondedesartisans.fr (il est vrai en comparaison d’une période de confinement).

Pourquoi ? La raison est relativement simple : un doublement des aides de l’état proposé jusqu’en décembre 2021. En gros avec 8000 euros de prime la premiere année pour un travail à mi-temps et un barème imposé de rémunération, prendre un apprenti est quasiment gratuit la première année, et coutera environ 4000 euros en deuxième année. Soit sur deux ans moins de 350 euros par mois pour un mi-temps. Comparable au prix horaire d’un stagiaire (en equivalent temps plein), mais pour deux ans…

Certaines entreprises on donc fait le plein, quitte, peut-être à assécher l’offre pour pour d’autres entreprises. le nombre maximum d’apprentis est de deux plus un redoublant par maitre de stage, et la qualification de celui-ci doit être soit un diplôme équivalent à celui en cours d’acquisition par l’apprenti, soit une expérience de deux ans dans le métier préparé…une petite entreprise, peut donc assez facilement doubler ou tripler ses effectifs à moindre frais.

L’abaissement du cout d’embauche d’un apprenti a donc clairement joué son rôle de développement de la demande des entreprises. Un certain nombre de questions restent cependant en suspens :
-ces apprentis iront ils vers les entreprises qui en ont le plus besoin ?
-Il y a-t-il eu un report de la demande des entreprises vers ce marché de l’apprentissage au détriment du marché du premier emploi ?
-le temps passé à recruter a-t-il significativement augmenté et va-t-il décourager certaines entreprises d’aller plus loin dans leur démarches d’embauche ?
-malgré une petite variabilité des rémunérations en fonction des diplômes préparés (la partie école étant payée par l’organisme collecteur des taxes apprentissage et formation continue et pas par l’entreprise), le développement d’un apprentissage hyper subventionné contribue-t-il à un nivellement vers le bas des salaires, quelque soit la qualification du travailleur ?